Saison 2015-2016 – Sirba Octet

Mercredi 18 Novembre à 20H30  CONCERT COMPLET
Auditorium Saint-Pierre des Cuisines
Sirba Octet

Etablir un pont entre tradition et modernité et pratiquer le mélange des genres est certainement l’une des principales caractéristiques de cet ensemble atypique, fondé en 2003 et dont le nom, Sîrba, reprend celui d’une danse traditionnelle roumaine. Aborder « la musique autrement » et s’accorder « une totale liberté d’expression » est sans doute la voie à suivre pour mener à bien quelques projets hauts en couleurs. Situé entre « académisme classique » et « musique klezmer », le parcours musical du « Sirba Octet » se veut riche et ouvert, et son identité s’enracine dans sa capacité à réaliser des « arrangements uniques en leur genre ». Une invitation en quelque sorte à entendre une musique qui, jouant sur les oppositions de caractère et les sonorités traditionnelles, dégage une « énergie jubilatoire et communicative ».

« Nous sommes avant tout des musiciens classiques, mais depuis que nous donnons nos concerts avec le Sirba Octet où nous nous accordons une totale liberté d’expression, nous abordons la musique différemment. »

 

« A Yiddishe Mame » *

au cœur de l’âme Yiddish et tzigane

Ce programme met principalement l’accent sur un double aspect. D’une part les influences musicales qui depuis des siècles ont façonné l’émergence et le développement de la musique klezmer **, et d’autre part, la particularité de la langue directement liée à l’histoire d’une communauté, celle des juifs ashkénazes. ***

Les multiples vicissitudes de l’histoire (diasporas, croisades, ghettos…) entraînèrent persécutions, expulsions et dispersion du peuple juif déjà présent en Europe occidentale à l’époque romaine. Dès le Moyen Age et durant les siècles suivants la communauté ashkénaze va émigrer peu à peu vers l’Europe centrale et orientale.

Lors de ses nombreuses pérégrinations, le répertoire musical va s’enrichir au contact des pays traversés et des populations rencontrées. L’interpénétration et le croisement des différentes influences européennes, tziganes, balkaniques voire turques marqueront profondément l’empreinte musicale de ce peuple placé sous le signe de l’exil.

Basé sur l’oralité l’héritage culturel demeure et le rôle de la mère est primordial dans la transmission des traditions restées vivaces. Dans la musique klezmer, qu’elle soit joyeuse ou plus mélancolique, chansons et danses occupent une place de choix, reflétant divers aspects de la vie quotidienne et communautaire. Les fêtes populaires ou religieuses, les cérémonies rituelles ou les danses en couple ou en solo sont également prétexte à faire revivre les traditions ancestrales. A chaque manifestation correspond un style de musique particulier. Tournures modales, complexités rythmiques, ornementations de la mélodie, rupture des tempi, improvisations offrent de nombreuses possibilités d’interprétation et d’expression des sentiments.

Certains instruments comme le violon ou la flûte aptes à une certaine virtuosité, auxquels se joignent le cymbalum et de petites percussions assurant un soutien harmonique et rythmique, demeurent emblématiques de ce genre musical étroitement lié à l’itinérance. Plus tardivement l’accordéon, la guitare, puis les vents (clarinette et saxophone notamment) et les cordes graves (violoncelle et contrebasse) confèrent aux ensembles une dimension plus orchestrale renforçant ainsi l’attrait pour des sonorités davantage différenciées tout en ouvrant de nouvelles perspectives.

Au fil des siècles et des événements historiques la musique klezmer connaîtra quelques éclipses sans toutefois disparaître. Après l’Europe, les Etats-Unis deviendront l’une des terres d’accueil les plus prisées. En passant d’une « musique de tradition » à une « musique d’héritage », la transmission se poursuit mais sous un éclairage différent, au risque de « perdre un peu de son identité ».

L’évolution des goûts et des mœurs correspondant aux nouvelles aspirations de la société va modifier quelque peu le choix des lieux de diffusion, des instruments et du répertoire. L’introduction d’éléments directement empruntés au jazz, aux musiques du monde ou à d’autres formes d’expression plus populaires marque un tournant stylistique important.

Ne faut-il pas y voir là comme un écho à la capacité de fusionner de multiples influences qui constituent tout au long de l’histoire de ce peuple l’une des grandes originalités de sa musique ?

* « A Yiddishe Mame est une chanson du folklore juif ashkénaze, chantée en yiddish de génération en génération ». Langue indo-européenne caractéristique des communautés juives d’Europe centrale et orientale, le yiddish est proche du haut-allemand auquel il mêle des éléments de langage empruntés à l’hébreu et aux langues slaves principalement.

** Le terme hébreu « kli zemer » peut se traduire par « instruments du chant ». Les « klezmorim » étaient considérés au Moyen Age comme des ménestrels, musiciens itinérants qui se produisaient dans différents lieux lors de fêtes populaires ou religieuses.

*** Bien qu’ayant une origine commune, « Ashkénazes » (établis au nord et à l’est de l’Europe) et « Sépharades » (établis au sud de l’Europe et autour du bassin méditerranée) constituent deux communautés distinctes du peuple juif.

En proposant de

« … partager avec le public ces moments de joie et d’échange, ces liens d’amour que la musique tissait entre nous au rythme des danses et des mélodies »,

                                                                                                                Richard Schmoucler et son ensemble signent de manière singulière une  approche réjouissante de cette musique si particulière par sa dimension historique et sa diversité.

 

Le programme

Emil Stern (1913 – 1997)

 

Tire l’aiguille – Klezdrix – Sirba

(Arrangements Yann Ollivo)

Les deux guitares – Ukrainian Memories

(répertoire traditionnel, arrangements Yann Ollivo)

 

Lew Pollack (1895 – 1946) – Jan Ivanovici (1845 – 1902)

 

A Yddishe Mame

(arrangements Yann Ollivo)

 

Jerry Boch (1928 – 2010)

 

Tanz : Hassidic Dance – Sunrise Sunset – Bublitchki –  Bessarabye

(répertoire traditionnel, arrangements Cyrille Lehn)

 

Ernest Bloch (1880 – 1959)

 

Nigun – Poliouchka

(répertoire traditionnel russe, arrangements Yann Ollivo)

Doina, Ca la breaza

(répertoire traditionnel, arrangements Cyrille Lehn)

Hermann Yablokoff (1903 – 1981)

 

Medley : Papirosn – Tumbalalaika (traditonnel yddish)

 

Jerry Boch (1928 – 2010)

 

Ah si j’étais riche

 

Aaron Lebedef (1873 – 1960)

 

Roumania, Roumania

(arrangements Yann Ollivo)

 

Mark Warshawsky (1848 – 1907)

 

Meddley: Oyfm Pripetshik – Hora Martisorului

(répertoire traditionnel tzigane, arrangements Cyrille Lehn)

 

 

Le Sirba Octet

Richard Schmoucler, violon 1 – Christian Brière, violon 2

Claudine Legras, alto –  Claude Giron, violoncelle

Bernard Cazauran, contrebasse

Philippe Berrod, clarinette – Iurie Morar, cymbalum

Yann Ollivo piano et arrangements

Arrangements : Yann Ollivo et Cyrille Lehm

« Cette musique a toujours fait partie de ma vie. Elle a le parfum de ma mère et des réunions de famille au cours desquelles ma grand-mère et mes tantes nous réclamaient à mon père et à moi-même de leur jouer ces airs yiddish qui avaient bercé leur jeunesse. N’ayant pas de partition, elles nous fredonnaient un air que nous reprenions à la guitare et au violon. […]

Richard Schmoucler

En fondant le Sirba Octet en 2003, le violoniste Richard Schmoucler, crée un son, invente quelque chose qui n’existe pas. Il s’associe alors à cinq de ses amis musiciens membres de l’Orchestre de Paris, à un pianiste et à un cymbaliste traditionnel pour former un ensemble singulier, à mi-chemin entre l’académisme classique et la musique klezmer.

En abolissant les frontières, il installe son projet dans un univers musical original et inédit, celui du « Classique World ». Si la musique des programmes du Sirba Octet conserve la même approche que le klezmer des origines, elle fait revivre la tradition musicale des anciennes communautés juives d’Europe de l’Est en la réarrangeant selon les règles de la musique savante. La chanteuse Isabelle Georges les a rejoints pour produire sous forme de spectacle musical deux programmes en terre yiddish.

Depuis douze ans, l’ensemble séduit les plus grands festivals et se produit régulièrement dans de prestigieuses salles de concert en France et à l’étranger (L’Olympia, l’Européen, La Cigale, Le Théâtre des Champs-Elysées, le Théâtre de la Ville à Paris, le Concertgebouw d’Amsterdam, le Musikverein à Vienne…). Cet ensemble qui excelle hors des circuits traditionnels s’attache savamment à réunir les genres et réussit le pari de créer des programmes musicaux originaux.

Après plus de 40 000 disques vendus, le Sirba Octet crée et conserve la spécificité de ses arrangements qui restent uniques en leur genre. Avec un nom symbolique, qui fait référence à une danse traditionnelle roumaine, le Sirba Octet entraîne les publics dans une énergie jubilatoire et communicative.

Le Sirba Octet sort son cinquième album Tantz ! en octobre 2015 chez le label La Dolce Volta. La sortie de ce nouvel opus est suivie d’une série de cinq concerts exceptionnels en novembre 2015 à l’Espace Pierre Cardin.

 

Au cœur de l’âme Yiddish et tzigane

L’univers yiddish et tzigane est un vivier de musique populaire vivante et virtuose qui a fasciné les compositeurs comme Bloch, Ravel ou encore Bartók.

Ces airs traditionnels aux influences slaves balkaniques et orientales ont à travers l’Europe et pendant des siècles, voyagé et rythmé la vie de générations, accompagnant les naissances, les mariages, les fêtes et les drames.

Les mélodies du programme A Yiddishe Mame sont des classiques, ses thèmes sont vivants, ils se fredonnent, se dansent, se laissent réinterpréter au fil des époques, des régions, des parcours et des histoires.

Si la virtuosité et l’émotion se retrouvent inévitablement dans ces airs marqués par l’errance d’un peuple, c’est la couleur, la richesse et l’inventivité de la réécriture musicale composée pour Sirba Octet qui viennent révéler ces thèmes si souvent fredonnés.

Ce concert acoustique interprété par une entité de huit musiciens solistes, debout sur scène, offre une grande liberté scénique et donne la part belle à chaque instrument oscillant entre musique de chambre et musique traditionnelle. Cordes, clarinette, piano et cymbalum exploitent les subtiles variations et les richesses des sonorités traditionnelles et classiques.

La formation prestigieuse de cet ensemble constitué de six membres titulaires de l’Orchestre de Paris, d’un pianiste à la carrière au rayonnement international et d’un cymbaliste issu des plus grandes écoles de musique en Moldavie développe sur scène une énergie exceptionnelle qui tient avant tout à ces personnalités hors normes. L’atmosphère jubilatoire du concert électrise le public conquis par la virtuosité et la sensibilité rare qu’exaltent les artistes.

L’hybridation et la spécificité des arrangements façonnés par Cyrille Lehn et Yann Ollivo pour les musiciens du Sirba Octet restent uniques en leur genre.

Textes extraits du document de présentation du Sirba Octet