Saison 2015-2016 – Collegíum Maríanum

Mercredi 2 Mars à 20H30
Eglise Saint-Exupère
Collegíum Maríanum

Damien Guillon

« Lamentationes Jeremiæ Prophetæ »

Jan Dismas Zelenka

Depuis 1999 le Collegium Marianum qui réside en République tchèque s’est attelé à réhabiliter toute une pléiade de compositeurs d’Europe centrale des XVIIe et XVIIIe siècles dont les œuvres, qui constituent un répertoire immensément riche et varié, sont restées pratiquement inconnues durant des années. S’entourant des meilleurs spécialistes, chanteurs – instrumentistes – chorégraphes – comédiens et metteurs en scène, tous acquis au rayonnement de la pensée baroque, l’ensemble élargit également ses activités autour de la danse et des formes théâtralisées. Dirigé par Jana Semerádová, flûtiste talentueuse, l’ensemble « Collegium Marianum », programmé dans de nombreux festivals réputés, nous donne à partager avec enthousiasme et dynamisme son bonheur de faire de la musique.

 

Prague et Dresde, deux capitales rayonnantes du baroque musical…

… véritables pépinières de talents et de virtuoses *. Musiciens, compositeurs et partitions circulent entre ces lieux renommés que plusieurs personnalités étrangères visitent, ou dans lesquels ils s’établissent pour un temps, occupant parfois des postes importants. La musique italienne y est particulièrement en vogue à cette époque.

 

Compositeur tchèque originaire de Bohème, Jan Dismas Zelenka passe la première partie de sa vie à Prague, fréquente le « Klementinum » ou collège des Jésuites puis intègre l’orchestre de la chapelle du comte Hartig comme contrebassiste. En 1710, il rejoint Dresde, capitale de la Saxe en tant que « joueur de violone » de la Chapelle royale. En 1715 il se rend à Vienne pour parfaire sa formation auprès de Johann Joseph Fux **, puis part à Venise où il étudie avec Antonio Lotti ***. Nommé vice-maître de Chapelle à son retour à Dresde, il occupe par la suite le poste de Directeur de la musique d’église. Reconnu par ses pairs et apprécié de Telemann et Bach, Zelenka figure parmi les grands compositeurs de la période baroque en Europe.

 

Son œuvre essentiellement consacrée à la musique religieuse comprend messes, oratorios, psaumes, requiem, magnificat… ainsi que plusieurs pièces instrumentales. Fidèle à ses convictions, Zelenka semble être resté en dehors des modes, ce qui l’écarta peut-être de postes plus honorifiques. Sa musique, qui allie inspiration et rigueur, recèle bien des aspects originaux par la richesse d’une écriture ample et particulièrement soignée au service d’une expression authentique et d’une grande profondeur.

 

C’est en 1722 qu’il compose les « Lamentationes Jeremiæ Prophetæ » ZWV 53 destinées à l’église catholique de la cour pour les offices des Ténèbres de la Semaine Sainte. Dans la liturgie catholique trois nocturnes composent l’office des Matines, chacun d’eux débutant par des psaumes et leurs antiennes suivis par trois leçons et leur repons. Les leçons sont extraites du livre des « Lamentations du prophète Jérémie » (Ancien Testament) qui en cinq poèmes « pleure » la destruction de Jérusalem et le péché d’Israël. Elles se terminent toutes par l’exclamation « Jerusalem, convertere ad Dominum deum tuum ! »

Dans la Bible chaque verset est introduit par une lettre de l’alphabet hébreu (Aleph, Beth, Ghimel). Comme la plupart des compositeurs, Zelenka utilise dans ce cas la figure mélodique du mélisme, sorte de vocalise décorative plus ou moins ornée à partir d’un mot unique.

 

Transmises en l’état, seules deux des trois leçons répertoriées ZWV 53 semblent avoir été mises en musique. Conçue pour une voix soliste avec accompagnement instrumental, chacune des lamentations met en valeur un timbre particulier, les instruments solistes étant eux aussi clairement spécifiés. Le choix de l’arioso ou du récitatif permet de mettre en valeur le caractère spécifique du texte. En jouant sur les tonalités mineures et majeures, Zelenka développe un style mélodique très nuancé, un contrepoint solide aux modulations expressives tout en ayant recours parfois à quelques figures rhétoriques.

 

Mercredi Saint 

1ère Lamentation pour basse, deux hautbois, cordes et Basse Continue

2ème Lamentation pour alto, deux hautbois « in ripieno », cordes et BC

Jeudi Saint

1ère Lamentation pour ténor, deux hautbois, cordes et BC

2ème Lamentation pour basse, deux hautbois, cordes et BC

Vendredi Saint 

1ère Lamentation pour ténor, deux flûtes, deux violoncelles et BC

2ème Lamentation pour alto, violon, chalumeau, basson et BC

 

* Parmi eux, les violonistes Francesco Maria Veracini et Johann Georg Pisendel, le flûtiste et hautboïste Johann Joachim Quantz ainsi que les compositeurs Johann Adolf Hasse, Johann David Heinichen et Wilhelm Friedemann Bach.

 

** Johann Joseph Fux, théoricien célèbre pour son traité de contrepoint « Gradus ad Parnassum » traduit en plusieurs langues. Il fut également maître de Chapelle de la Cathédrale Saint-Etienne et de la Cour impériale.

 

*** Antonio Lotti, organiste de Saint-Marc de Venise et pédagogue recherché. Il séjourna à Dresde où quelques-uns de ses opéras furent représentés.

 

***

 

« Le livre des Lamentations, autrefois attribué à Jérémie, est considéré aujourd’hui comme un chant de détresse indépendant, né après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, roi de Babylone (587). Il est composé de cinq poèmes lyriques, les quatre premiers étant acrostiches (chaque vers commence par l’une des 22 lettres de l’alphabet hébreu). Lu en souvenir de la destruction de Jérusalem (Sion), ce livre fait partie des cinq rouleaux (Meguiloth) lus à l’occasion de fêtes juives. Dans l’ère chrétienne, les Lamentations commémorent la Passion de Jésus, le Vendredi et le Samedi Saint.

 

« Comment ? » : c’est le premier mot du livre, le seul qui s’ouvre ainsi par une interrogation, un cri de détresse et d’incompréhension devant la ville et le temple détruits. Face à face, Dieu, le Seigneur tout puissant, et la ville de Jérusalem, personnifiée sous le nom de fille de Sion. Déjà Jérémie supplie son Dieu : « Voici l’appel au secours de la fille de mon peuple, Yahvé n’est donc plus en Sion ? » Dans cette grande détresse un appel monte vers le Dieu sauveur : « À quoi te comparer ? À quoi te dire semblable, fille de Jérusalem ? Qui pourra te sauver et te consoler, vierge, fille de Sion ? Car il est grand comme la mer, ton brisement ; qui donc va te guérir ? »

Père Alain Marchadour, Paroisse Saint Exupère.

Interprètes

Jana Semerádová

direction artistique & flûte traversière

 

Damien Guillon, alto

Daniel Johannsen, ténor

Tomáš Král, basse

 

Lenka Torgersen & Vojtĕch Semerád, violons

 

Magdalena Mala & Andreas Torgensen, altos

 

Hana Fleková & Petr Hamouz, violoncelles

 

Ondřej Balcar, contrebasse

 

Sebastian Knebel, orgue

 

Julie Braná, flûte traversière

 

Petra Ambrosi & Tereza Samsonová, hautbois

 

Igor Františák, chalumeau

 

Kryštof Lada, basson

 

 

Programme


 

Jan Dismas Zelenka (1679 – 1745)

 

Lamentationes Jeremiæ Prophetæ ZWV 53 (1722)

 

Lamentationes Pro Die Mercuri Sancto

 

♦ Lamentatio I – Basse solo

♦ Lamentatio II – Alto solo

 

Lamentationes Pro Die Jovis Sancto

 

♦ Lamentatio I – Ténor solo

♦ Lamentatio II – Basse solo

 

Lamentationes Pro Die Veneris Sancto

 

♦ Lamentatio I – Ténor solo

♦ Lamentatio II – Alto solo