Saison 2016-2017 – Ensemble Pulcinella & Ophélie Gaillard

Mercredi 26 avril 2017 à 20h 30

Auditorium Saint-Pierre des Cuisines

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« La redécouverte d’un génie : Carl Philipp Emanuel Bach »

Ophélie Gaillard & l’Ensemble « Pulcinella »

Depuis 2005 à la tête de l’Ensemble « Pulcinella », Ophélie Gaillard a depuis plusieurs années entrepris un travail minutieux et diversifié essentiellement consacré à la musique baroque des XVIIe et XVIIIe siècles. Outre son implication dans la (re)-découverte de chefs-d’œuvre encore méconnus, et notamment les œuvres pour violoncelle, son engagement pédagogique auprès d’un public jeune et son ouverture à d’autres formes d’expressions témoignent à la fois d’une réelle curiosité et d’une quête de renouveau.

Autour d’elle, s’est constitué un collectif de solistes de premier plan, artistes lyriques comme instrumentistes, qui participent à ce cheminement multiple. Animé par cette volonté d’entreprendre, de partager et de restituer, l’ensemble contourne les stéréotypes pour croiser avec ingéniosité les styles, les genres et les cultures. Un engagement qui porte ses fruits.

Proposer une autre approche de la musique en passant par la danse, le théâtre, l’art vocal, relève à la fois d’un désir de s’ouvrir à d’autres pratiques et d’aller à la rencontre de publics différents. Il permet aussi de tisser un lien social plus fort entre différentes communautés par le biais de réalisations artistiques de qualité où chacun s’implique avec bonheur.

Au programme

Carl Philipp Emanuel Bach

« La musique ne doit pas remplir l’oreille mais mettre le cœur en mouvement. »

 

Deuxième fils de Johann Sebastian Bach, Carl Philipp Emanuel, est initié très tôt par son père à la Thomasschule de Leipzig. Sa quête d’indépendance et d’émancipation l’amène à entreprendre des études de droit à Leipzig puis Francfort-sur-Oder où il fréquente les milieux artistiques et littéraires. Il prend alors la décision de se consacrer à la musique. En 1738, il intègre l’orchestre du prince héritier de Prusse, futur Frédéric II *, qu’il suit à Berlin puis à Potsdam en tant que « Kammercembalist ». Après plusieurs années d’insatisfactions et de démarches infructueuses, il quitte ses fonctions à la Cour pour succéder à Telemann, son parrain, au poste de « Directeur de la musique de la ville de Hambourg » en 1768. Nommé cantor au collège latin Johanneum il a en charge également la direction de la musique des cinq plus grandes églises de la ville. Si la composition demeure l’une de ses principales activités, l’organisation de concerts publics dans la tradition du « Collegium Musicum » lui permet aussi de faire connaître les œuvres de ses prédécesseurs et de ses contemporains.

Musicien accompli, compositeur estimable et pédagogue apprécié **, C.P.E. Bach s’impose dans ce paysage musical de la seconde moitié du XVIIIe siècle en plein bouleversement. L’ensemble de son œuvre reflète assez bien les préoccupations de toute une génération se situant entre le baroque finissant et le romantisme à venir. Les prémices de ce nouveau courant sont manifestes notamment en Allemagne, dans la mouvance du « Sturm und Drang »/« Orage et Passion ». Déjà perceptible dans la littérature, ce mouvement va toucher toutes formes d’expression artistiques. Par l’éclosion d’un langage plus personnel initié en partie par C.P.E. Bach, les compositeurs s’écartant du pur divertissement, cherchent à traduire en musique les « affections de l’âme » et susciter des émotions, attitude caractéristique de « l’Empfindsamkeit »/« Sensibilité ».

 

Non sans tâtonnements, le développement de formes nouvelles, – symphonie, sonate bi-thématique, quatuor, concerto…-, bénéficie des transformations profondes pour s’adapter à l’évolution des goûts et du langage musical ***. Qualifiée de préclassique cette période aura permis toutefois de stabiliser certains procédés stylistiques et de fixer les bases d’une esthétique musicale qui préfigure l’avènement du classicisme viennois. Importante fut l’influence de C.P.E. Bach qui fait dire à Haydn : « Celui qui me connaît bien trouvera… que j’ai saisi son style et que je l’ai étudié avec soin. »,et à Mozart : « Emanuel Bach est le père, nous sommes les enfants… ».

 

* Frédéric II, souverain autoritaire, passionné de musique qu’il pratique avec talent, sut s’entourer de plusieurs musiciens et compositeurs de haut niveau comme le flûtiste J.J. Quantz, les frères J.G. et C.H. Graun ou le violoniste F. Benda.  

 

** Virtuose du clavier, instrument pour lequel il écrit un « Essai sur la vraie manière de jouer des instruments à clavier » fort remarqué, son œuvre abondante comprend de nombreuses pièces de musique instrumentale mais aussi religieuse, symphonique et de musique de chambre dont plusieurs furent publiées de son vivant.

 

*** L’abandon de l’usage systématique du contrepoint, la disparition progressive de la basse continue, l’adoption irréversible d’un procédé d’écriture basé sur le système tonal qui met en évidence l’éclosion du bithématisme et le développement de la forme-sonate, sont quelques-uns des principaux aspects novateurs. L’essor de la facture instrumentale, l’émergence du pianoforte et le rôle grandissant de l’orchestre accompagnent ces changements.

A la charnière entre deux époques, les œuvres inscrites au programme rendent bien compte de l’originalité stylistique du compositeur. Moins remarquables que ses pièces pour clavier elles sont encore teintées d’italianisme sur le plan formel : brièveté des mouvements, sobriété des procédés d’écriture, expressivité des lignes mélodiques, vivacité des élans dynamiques. Elles augurent cependant de quelques belles innovations à venir. Tonalités sombres, modulations inattendues, chromatisme, contrastes saisissants d’atmosphère, richesse des timbres, nuances appropriées, silences éloquents, sont utilisés à dessein dans la musique de C.P.E. Bach pleine d’audaces et d’inventivité.

 

Concerto pour violoncelle en la mineur, Wq 170(1750)

Allegro assai ~ Andante ~ Allegro assai

Concerto pour violoncelle en la majeur, Wq 172(1753)

Allegro ~ Largo ~ Allegro assai

 

Entre 1750 et 1753 C.P.E. Bach compose 3 concertos pour violoncelle qui sont en fait des adaptations des concertos pour clavier Wq 26, Wq 28 et Wq 29, réalisées par le compositeur lui-même. Ils confirment ainsi le statut de soliste, acquis depuis peu, de cet instrument souvent perçu comme simplement associé au continuo. Lors de son long séjour au service du roi de Prusse, C.P.E. Bach côtoie de nombreux musiciens dont le violoncelliste Christian Friedrich Schale, vraisemblable destinataire de ces concertos. A Berlin, Schale est à la tête d’une Musikalische Akademie, qui programme les œuvres de ses contemporains lors de concerts destinés à un public connaisseur et friand de nouveauté.

La composition des symphonies en 3 mouvements de C.P.E Bach est plus étalée dans le temps. Parfois intitulées Sinfonia ou Sinfonie, les unes ont été écrites à Berlin, les autres à Hambourg. A l’origine conçues pour orchestre à cordes certaines proposent aussi une version enrichie d’instruments à vent.

 

Symphonie n°3 en do majeur, Wq 182/3(1773)

Allegro assai ~ Adagio ~ Allegretto

L’œuvre fait partie des 6 symphonies à cordes Wq 182 composées à Hambourg en 1773 et dédiées au baron Gottfried van Swieten, futur protecteur de Haydn et Mozart à Vienne, qui invita C.P.E. Bach à « se laisser complètement aller ».

 

« Musique imaginative, avec ses oppositions contrastées, ses ruptures brusques, ses grands écarts de dynamique, ses unissons vigoureux et ses dissonances, traduisant de multiples affects et pouvant passer d’une incoercible souffrance, parfois déchirante, dans l’Adagio, à la détente joyeuse et insouciante de l’Allegretto final, empreint d’une grâce presque mozartienne. » – Gilles Cantagrel

Symphonie en mi mineur, Wq 177(1756)

Allegro assai ~ Andante moderato ~ Allegro

 

Extraite des symphonies berlinoises composées entre 1741 et 1762, l’œuvre, dans la version Wq 178, a été réécrite pour cordes, flûtes, hautbois et cors.

 

« De cette symphonie, l’Allegro assai initial est lancé et tout entier parcouru de vigoureux unissons que brisent des silences abrupts, créant des contrastes d’intensité – véritable signature musicale du compositeur. Le bref Andante moderato qui suit immédiatement développe une phrase mélodique d’une tendre et paisible douceur. Quant à l’Allegro final, aux rythmes pointés, son allégresse se manifeste avec une vive énergie. » – Gilles Cantagrel

Interprètes
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