Saison 2017-2018 – Jean Rondeau

Mercredi 14 février 2018
Eglise Saint-Exupère à 20h 30

 

« Concertos pour clavecin de la famille Bach »

Jeune claveciniste prometteur, Jean Rondeau propose des œuvres pour orchestre et clavier des Bach père et fils et raconte à travers leur musique le dialogue intergénérationnel plein d’émotion, une histoire de transmission mais aussi d’émancipation.

Affichant une tranquille assurance et une réelle détermination, le claveciniste Jean Rondeau, musicien éclectique, occupe une place estimable au sein d’une jeune génération talentueuse. Musique pour clavier, musique de chambre, musique traditionnelle, jazz… sont autant de domaines où le large éventail d’une sensibilité musicale attachante peut s’exprimer. Portés par le même « amour de la belle musique » et le « réel plaisir du jeu », Jean Rondeau et quelques-uns de ses amis, musiciens engagés et audacieux, cherchent à tisser des liens forts entre musique, interprètes et public, convaincus que « la musique se partage. »

Interprètes

 

Jean Rondeau : Clavecin

Sophie Gent : Violon 1

Louis Creac’h : Violon 2

Fanny Paccoud : Alto

Emily Robinson : Violoncelle

Ludovic Coutineau : Contrebasse

 

Au programme

 

Johann Christoph Bach (1642-1703)

Wer Gott vertraut, hat wohl gebaut

 

Attribué à Johann Christian Bach (1735-1782)

Concerto pour clavecin en fa mineur

Allegro di molto – Andante – Prestissimo

 

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Sonata en sol majeur BWV 1039

Adagio – Allegro ma non presto – Adagio e piano – Presto

  

Johann Sebastian Bach (1685-1750)

Concerto pour clavecin no 5 en fa mineur BWV 1056

Allegro – Largo – Presto

 

Johann Sebastian Bach (1685-1750)


Concerto pour clavecin no 1 en ré mineur BWV 1052

Allegro – Adagio – Allegro

 

« Veit Bach, un boulanger qui habitait la Hongrie, fut obligé de quitter ce pays pour sauvegarder sa foi luthérienne. […], il se rendit en Allemagne et, trouvant en Thuringe toute liberté pour exercer sa religion, il s’établit à Wechmar près de Gotha où il reprit son métier. Il aimait se servir d’une petite cithare qu’il emportait au moulin pour jouer tandis que la meule était en mouvement. […] Tel a été apparemment le commencement de la musique dans la famille. » – J. S. Bach – Urprung der musicalisch-Bachischen Familie

Cette dynastie de musiciens qui durant 200 ans va recouvrir six générations demeure un fait unique dans l’histoire de la musique. Si bien souvent seuls les hommes, pères, oncles, frères, cousins sont mentionnés, quelques femmes, filles ou épouses, ont également tenu une place honorable. Tout au long de ce parcours traversé par les pérégrinations des uns et des autres, les naissances, les guerres…, quelques constantes peuvent être observées. La Thuringe reste le point d’ancrage géographique et familial, la filiation procure une sorte de légitimité qui donne à chacun un savoir-faire professionnel reconnu à des degrés divers, l’orientation religieuse est fortement liée au culte protestant pour « la gloire de Dieu et le délassement des âmes ». La plupart des descendants de Veit, compositeurs et/ou instrumentistes exercèrent principalement en tant que musicien, cantor ou organiste, au service d’une ville ou d’une cour.

 

Johann Christoph Bach

Wer Gott vertraut, hat wohl gebaut

(Celui qui a confiance en Dieu, a probablement construit – Joachim Magdeburg 1572)

 

Considéré comme l’un des compositeurs les plus importants de la lignée il laisse un nombre d’œuvres signifiantes « contrapuntiquement complexes, imaginatives et lyriques » dont la qualité musicale n’est pas usurpée. Cousin au second degré de Johann Sebastian qui le considère comme « ein profonder Componist », Johann Christoph (dit d’Eisenach), est nommé en 1642 organiste de la Chapelle d’Arnstadt, puis de la Georgenkirche d’Eisenach dès 1665. Il est également claveciniste et musicien de la Chapelle de la cour du duc d’Eisenach.

 

Cette pièce est sans doute à l’origine un prélude de choral pour orgue. Celui-ci peut-être plus ou moins développé et adopter une écriture présentant plusieurs variantes stylistiques : choral orné, figuré, fugué ou encore varié. La mélodie de choral peut aussi être harmonisée pour être chantée à quatre voix.

 

attribué à Johann Christian Bach

♦ Concerto pour clavecin en fa mineur

Allegro di molto – Andante – Prestissimo

 

Surnommé le « Bach de Londres », Johann Christian, dernier fils de Bach se distingue de la fratrie par un parcours singulier, en rupture avec les traditions familiales. En 1754, il part pour l’Italie, se convertit au catholicisme et, séduit par l’art vocal italien, se consacre dès lors en grande partie à l’opéra. En 1762 il se fixe à Londres, où il mène une vie active qui lui vaut un certain succès auprès du public et de ses contemporains. Habile compositeur, peint par Gainsborough et apprécié de Mozart, Johann Christian compose aussi un grand nombre d’œuvres instrumentales qui reflètent les changements de styles de la période préclassique. Sa musique séduit par sa clarté, ses tournures élégantes, son caractère plaisant et son inventivité, signes distinctifs de cette période dite galante. Evitant toute surcharge, elle met cependant en évidence une réelle maîtrise de l’écriture et de la forme toujours justement équilibrées.

 

Le concerto en fa mineur appartient à une série de six concertos pour clavecin et cordes -W C68 à W C73- composés à Berlin alors que Johann Christian poursuit son apprentissage auprès de Carl Philipp Emanuel Bach. Par son caractère dramatique et ses contrastes saisissants, ses tensions extrêmes, ses tonalités expressives et son atmosphère tourmentée, l’œuvre se rapproche davantage de la mouvance « Sturm und Drang ». Sensiblement différente, l’évolution artistique suivie par Johann Christian par la suite, a pu laisser supposer que ce concerto ait été un temps attribué à Wilhelm Friedemann Bach.

 

Johann-Sebastian Bach

En 1723 Bach est nommé cantor de la Thomaskirche de Leipzig. Il se trouve alors confronté à de nombreuses tâches très contraignantes inhérentes à ses fonctions. En 1729 il accepte de prendre la direction du Collegium Musicum qui se produit au Café Zimmermann. Entouré de ses étudiants, de ses fils encore présents, de musiciens amateurs et professionnels, Bach programme de la musique instrumentale et vocale : œuvres avec solistes, musique de chambre, concertos avec orchestre et même des cantates profanes. Jouissant d’une certaine liberté, il réalise quelques arrangements de pièces antérieures tout en intégrant de nouvelles pièces ainsi que des œuvres d’autres compositeurs.

 

Sonata en Sol Majeur BWV 1039

Adagio – Allegro ma non presto – Adagio e piano – Presto

 

Ecrite pour deux flûtes traversières et continuo cette sonate en trio a pu être composée préalablement pour deux violons. Dans cette pièce forgée sur le moule de la sonata da chiesa, -lent, vif, lent vif-, Bach développe un travail en imitation parfaitement maîtrisé où le déroulement limpide des courbes mélodiques demeure très expressif. Par la suite, Bach en propose une version pour viole de gambe et clavecin obligé, -BWV 1017-, postérieure à la sonate BWV 1039.

 

Concerto pour clavecin n°5 en fa mineur BWV 1056

Allegro – Largo – Presto

 

Concerto pour clavecin n°1 en ré mineur BWV 1052

Allegro – Adagio – Allegro

 

Simples par leur structure et concis par leur éloquence, les sept concertos pour clavecin et ensemble à cordes -BWV1052 à 1058- adoptent la forme du concerto italien avec alternance de soli et de tutti. S’ils sont pour la plupart d’entre eux des adaptations d’une œuvre antérieure, ils démontrent une fois encore toute la science et l’incroyable faculté de Bach à transformer la matière et à faire revivre au clavier des partitions initialement composées pour des instruments mélodiques. Ce travail qui nécessite parfois des changements de tonalité, de tempo, de technicité, donne au clavecin la possibilité de mieux s’intégrer au tissu polyphonique complexe et ordonné. Le formidable élan dynamique des mouvements rapides, qui n’exclut pas la virtuosité, traduit cette expression d’une joie simple et communicative souvent présente dans l’œuvre de Bach. Des mouvements lents d’une expressivité toujours généreuse, intense et soutenue, se dégage une force tranquille qui met pleinement en valeur l’art du cantabile. En privilégiant le clavecin comme instrument soliste et concertant, Bach, le visionnaire, pressentait-il l’importance qu’allait prendre en quelques décennies, l’instrument à clavier et le concerto, dans la littérature musicale ?