Saison 2017-2018 – Quintette à cordes de Berlin

Mercredi 11 avril 2018
Auditorium Saint-Pierre des Cuisines à 20h 30

 

Le Quintette à cordes de Berlin regroupe les plus grands solistes et chambristes de l’Orchestre Philharmonique de Berlin en une formation saluée pour la distinction de son interprétation et l’ampleur de sa palette sonore.

 

« Dans notre expérience, les sonorités dans les compositions

que nous réalisons de cette façon gagnent énormément en profondeur. »

L’originalité de sa formation, de ses origines et de son répertoire concède à cet ensemble une spécificité qui le rend unique en son genre. La remarquable dimension symphonique acquise par ce quintette sur le plan sonore repose sur sa composition, – deux violons, un alto, un violoncelle et une contrebasse -. Chacun de ses membres, soliste de l’Orchestre philharmonique de Berlin, s’implique totalement dans une approche où le recours aux transcriptions ou arrangements est nécessaire. Ce travail, essentiel pour enrichir le répertoire, est également un atout dans la recherche d’une interprétation de grande qualité.

 

Interprètes

Luiz Filipe Coelho, violon

Romano Tommasini, violon

Wolfgang Talirz, alto

David Riniker, violoncelle

Janusz Widzyk, contrebasse

 

Au programme

W. A. Mozart, Divertimento K. 137

Luigi Boccherini, Quintette op. 42 no 1 pour violoncelle solo et quatuor à cordes

Gioacchino Rossini, Sonate pour violon, violoncelle et contrebasse no 6, « La Tempesta »

Giuseppe Tartini, Il trillo del diavolo (version de Henri Vieuxtemps pour violon et cordes)

Igor Stravinsky, Concerto en ré pour cordes

Antonín Dvořák, Quintette en mib majeur op. 97

 

Wolfgang Amadeus Mozart – Divertimento en sib majeur, K. 137

Andante – Allegro di molto – Allegro assai

De retour à Salzbourg en décembre 1771 après un séjour en Italie, Mozart compose trois « divertimenti » pour cordes, -K.136, 137 et 138-, datés de 1772 et classés parmi les œuvres de jeunesse. Derrière la simplicité apparente d’une musique, destinée à divertir lors de festivités occasionnelles ou de circonstance, transparaît une réelle habileté d’écriture. Le style Mozart, enrichi de diverses influences, est déjà bien affirmé, préfigurant l’ampleur future du travail symphonique. Chacune de ces pièces ne comporte que trois mouvements et peut être exécutée par un orchestre de chambre ou un quatuor à cordes. Le Divertimento K. 137 débute par un mouvement Andante, tendre et gracieux, auquel succèdent un premier Allegro plein de verve et d’allant puis un second Allegro placé sous le signe de la danse, qui conclut ce divertimento.

 

Luigi Boccherini – Quintette à cordes en fa mineur, opus 42 n°1 – G 348

Allegro moderato assai – Minuetto con moto – Adagio cantabile – Allegro giusto. Rondo

C’est en Espagne que Boccherini écrit un nombre impressionnant de quintettes, la plupart pour deux violoncelles. Ceci, pour répondre sans doute à des engagements pour lesquels il se sent « obligé ». Violoncelliste virtuose lui-même, il pratique son art au sein de diverses formations. Le compositeur est, lui, sollicité par des mécènes ayant, soit un haut niveau de pratique instrumentale, soit un ensemble de musiciens à leur service1. Daté de 1789, l’opus 42 comprend quatre quintettes, trois « opera grande » et un « piccola ». Dans une lettre de 1797 adressée à Ignaz Pleyel2, Boccherini écrit :

 

« […] Je vous recommande surtout deux quintettes qui font partie de l’opus 42, un en fa mineur, l’autre en sol mineur, ce sont ceux que je préfère […] ».

 

Si le style de Boccherini n’a pas évolué de manière très significative, sa musique séduit toujours par son inventivité, ses tournures mélodiques et sa recherche d’effets sonores qui résultent de procédés techniques propres aux cordes.

 

 

Gioacchino Rossini – Sonate n° 6 en ré majeur, « La Tempesta »

Allegro spiritoso – Andante assai – Allegro : Tempesta

Compositeur particulièrement fécond dès sa jeunesse, et considéré comme l’un des maîtres de l’opéra italien, Rossini s’installe à Paris en 1824 où il exerce de hautes responsabilités. Parmi ses œuvres de musique de chambre, peut-être moins connues, figure une série de Sei Sonate a Quattro composée en 1804 alors qu’il n’a que 12 ans. Sur son manuscrit autographe Rossini a noté :

« Premier violon, second violon, violoncelle et contrebasse pour six sonates épouvantables composées par moi à la maison de campagne (près de Ravenne) de mon ami et mécène, Agostino Triossi […]3. »

Chaque sonate se compose de trois mouvements, -vif, lent, vif-, la primauté étant donnée à la mélodie. L’écriture, où percent déjà quelques traits et effets propres au compositeur, met en valeur les parties supérieures tout en confiant aux basses une certaine indépendance. Elle laisse présager de la facilité, du brio et du sens dramatique de ce compositeur alors en devenir.

 

Giuseppe Tartini – « Il trillo del diavolo », Sonate en sol mineur

[Version de Henri Vieuxtemps pour violon et cordes]

Larghetto affetuoso – Allegro, Tempo giusto – Andante, Allegro                 

Remarquable violoniste, pédagogue exigeant et théoricien ingénieux, Tartini a consacré une grande partie de sa vie à la composition et l’enseignement du violon. Dans ses écrits théoriques, l’Arte dell’Arco et le Traité des agréments de la musique, il pose les bases de sa technique violonistique mise en application dans ses sonates pour un ou plusieurs instruments, avec ou sans basse. Datée de 1713 (?), la composition de « Il trillo del diavolo » repose sur une présumée légende. Dans le final d’une rare difficulté, le trille est constamment présent au dessus de la mélodie et requiert digitalement une maîtrise technique particulière. En 1799 une publication de l’œuvre paraît dans L’Art du violon de Jean-Baptiste Cartier, violoniste et pédagogue, qui mentionne sur la partition :

 

« SONATE de TARTINI, QUE SON ECOLE AVOIT NOMMÈR

Le TRILLE du DIABLE, D’après le Rêve du Maître, qui disoit avoir vû Le diable au pied de son lit executant le trille dans le morceau final de cette Sonate. (*) »

(*) « Cette pièce est Très rare ; Je la dois à BAILLOT, Son amour Pour les belles productions de TARTINI, L’a décidé à m’en faire le Sacrifice ».

 

Au cours du XIXème siècle, le violoniste et compositeur belge Henri Vieuxtemps, en propose un arrangement pour piano et violon, ainsi qu’une version quatuor pour deux violons, alto et violoncelle.

 

Igor Stravinsky – Concerto en ré

Vivace – Arioso : Andantino – Rondo : Allegro

« Inclassable », Stravinsky, compositeur russe profondément occidentalisé, a traversé le XXème siècle en imposant de multiples facettes dans ce siècle à la recherche d’identité tant les courants artistiques y sont nombreux, composites et complexes. Après la retentissante modernité du Sacre du printemps, ses sources d’inspiration se diversifient de manière très éclectique. « Nous avons un devoir envers la musique : c’est de l’inventer. » Cet aveu permet de mieux cerner l’esthétique du compositeur adepte du polymorphisme, de la polyrythmie et de la polytonalité. Composé en 1946, le Concerto en ré, œuvre de commande, est créé à Bâle en janvier 1947 sous la direction de Paul Sacher. Les mouvements extrêmes, rapides et nerveux, encadrent un Andantino plus lyrique. Cette œuvre relativement brève et sans prétention particulière, met en évidence la densité sonore et l’aspect rythmique si caractéristiques du compositeur.

 

Antonín Dvořák – Quintette en mib majeur, opus 97

Allegro non tanto – Allegro vivo – Larghetto – Final. Allegro giusto

C’est à Prague que Dvořák poursuit sa formation de musicien d’orchestre et de compositeur. Imprégné des chants et danses de sa Bohême natale, il participe à « l’éveil de la conscience musicale » pour la reconnaissance de la musique tchèque. Son style, qui selon Brahms demeure l’expression « d’un talent véritable, riche et attirant », rend compte du traitement spontané de la mélodie, de la variété des coloris instrumentaux, des combinaisons rythmiques et de la manière de métisser subtilement les influences slaves avec celles du « Nouveau Monde ». Composé en 1893 et conçu pour deux violons, deux altos et un violoncelle, ce quintette est contemporain du Quatuor « Américain »4. Sensible à tout apport autochtone qui stimule son imagination et enrichit son langage, Dvořák instille dans ces compositions quelques éléments issus des traditions populaires, qu’elles soient indiennes ou afro-américaines.

 


1 En 1786, engagé « direttore del concerto », Boccherini entre au service de la famille des Benavente-Osuna qui possède un orchestre et organise des soirées littéraires et musicales. Parallèlement, il est nommé « compositore di Camera  » par Friedrich-Wilhelm II de Prusse à qui il envoie des œuvres de sa composition. Durant cette période, les destinataires de ses œuvres ne sont pas toujours identifiés de manière précise.

2 La  classification des opus du compositeur a été remaniée plusieurs fois. En 1809, Pleyel, éditeur et facteur de piano, publie cet opus 42 comme opus 37 n°19.

3 Vers 1825, l’édition Ricordi de Milan publie « Cinque quartetti originali », cinq de ces sonates dans une version pour quatuor traditionnel.

4 Lors d’un séjour à Spillville dans l’Iowa où vit une communauté d’émigrants tchèques, Dvořák découvre les chants et danses traditionnels de quelques tribus indiennes, ainsi que les chants et prières des Noirs d’Amérique du Nord.