Saison 2013-2014 – ACCORDONE

Mercredi 26 Février à 20H30

Salon rouge du Musée des Augustins

« Solve e Coagula »

En 1984 Guido Morini et Marco Beasley fondent l’ensemble Accordone, reconnu aujourd’hui sur la scène européenne et internationale comme unique en son genre. Admiratifs tous deux des plus grands polyphonistes et soucieux de redonner ses lettres de noblesse à la musique italienne de la Renaissance au début du XVIIIe siècle, ils s’appuient sur une recherche musicologique méticuleuse de l’interprétation au regard des traités de l’époque. Parallèlement, ils réfléchissent à la nécessité de repenser le concert « comme un événement à la fois musical et théâtral ». Leur parcours atypique s’inscrit dans une démarche esthétique originale basée sur la recherche d’une expression multiple à l’écoute des préoccupations du public d’aujourd’hui.

Par une volonté d’ancrage dans la tradition, un esprit créatif constamment renouvelé et l’élaboration d’un style distinctif, leur sensibilité les pousse à explorer un répertoire varié allant de la tradition orale caractéristique du sud de l’Italie à la musique populaire et sacrée. Peuvent se mêler alors, au cours d’un même concert, arrangements, compositions contemporaines et pièces héritées des compositeurs d’un passé prestigieux.

Dans ce mélange des genres, des époques et des styles, la dimension théâtrale va devenir l’une des composantes principales et les conduit à la réalisation de « mises en scène » qui mettent les protagonistes au cœur même d’un spectacle.

A partir d’un thème, d’une histoire, d’un texte d’inspiration poétique, biblique ou mythologique, les deux musiciens, préoccupés par la relation entre le sonore et le gestuel, s’orientent vers la création d’une sorte de « concert théâtral », où le chanteur devient un véritable « personnage ». Les interprètes dont ils s’entourent, tous investis de manière collective et individuelle, se prêtent avec talent au jeu et participent à « l’habillage » instrumental des différents morceaux choisis.

Dès lors, Marco Beasley, chanteur à la voix lumineuse et aux grandes qualités scéniques va trouver dans l’écriture des textes et livrets une nouvelle dimension créatrice, quand Guido Moreni, organiste et claveciniste unanimement reconnu, va, lui, s’adonner à l’art de la composition et de l’improvisation. A l’image de ce qui se passait autrefois, Accordone s’est « créé un nouveau répertoire destiné à sa propre activité de concerts ».

Parmi leur dernière création,

SOLVE e COAGULA

Raimondo di Sangro, il Principe di San Severo

se présente comme un opéra de chambre. Composée en 2009 par Guido Morini sur un texte de Marco Beasley, l’œuvre est dédiée à Raimondo di Sangro, VIIe prince de San Severo, philosophe, chercheur et inventeur, écrivain et éditeur, alchimiste et premier Grand Maître de la Maçonnerie Napolitaine. Dans une atmosphère teintée de mystère et de beauté, le déroulement musical de l’œuvre nous invite à suivre le parcours « iconographique » conçu et réalisé par Raimondo di Sangro dans la crypte de la Chapelle San Severo de Naples, où sont conservées plusieurs œuvres d’artistes italiens du XVIIIe dont les « Machines Anatomiques Humaines ».

 

« Solve e Coagula* clôt idéalement la trilogie musicale d’Accordone consacrée à Naples. Après avoir exploré le grand héritage de la cantate du XVIIIe siècle, imprégnée de théâtralité et de sagesse instrumentale, qui fut un modèle et une source d’inspiration dans toute l’Europe, nous avons consacré un programme à la musique populaire transmise oralement de père en fils, donnant la parole à une tradition musicale parmi les plus riches du bassin méditerranéen.

Pour le troisième centenaire de la naissance de Raimondo di Sangro nous présentons une œuvre nouvelle, inscrite dans la longue tradition du patrimoine napolitain. Le Prince de San Severo, protagoniste de ce dernier projet, était un personnage éminent dans la Naples du XVIIIe siècle, un homme de grande culture doté d’un talent polymorphe, guide idéal pour un voyage qui fait ses premiers pas dans sa chapelle, entre les statues et la décoration voulue par lui ».

 

Guido Morini

* Ce titre, que l’on pourrait traduire littéralement par « résoudre et coaguler » évoque selon un principe premier d’alchimie le passage symbolique des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie.

 

« Solve e Coagula est le titre de notre ouvrage consacré à Raimondo di Sangro, Prince de San Severo, né en 1710 et mort en 1771, […] personnage à l’imagination fertile. Expert en architecture et en arts militaires, spécialiste du Sanskrit, de l’hébreu et du grec ancien, écrivain, inventeur de nouveaux procédés typographiques, premier Grand maître de la maçonnerie à Naples, il est aussi considéré comme un scientifique dans le domaine de l’alchimie et de la mécanique […]. Ce trop plein d’imagination, jugé comme un défaut, était très discuté par ses contemporains mais se révèle très intéressant à nos yeux. De ses expériences mystérieuses, pour lesquelles il a été accusé de sorcellerie, restent quelques témoignages rares mais importants qui se trouvent dans les collections de la Chapelle San Severo située dans le palais familial […]. L’observation de certaines de ses œuvres, à la base de notre projet, reflète l’expression d’un siècle en pleine effervescence artistique […]. Solve e coagula n’est pas la représentation superficielle de l’histoire d’un homme doté d’une forte imagination qui se brûla au feu des alambics et des formules. C’est une méditation – respectueuse et sensible – qui retrace le chemin d’un homme à la pensée supérieure croyant que la science pouvait être un moyen d’atteindre un plus haut degré spirituel ».

 

 

Marco Beasley

 

Interprètes

Marco Beasley, chant

Guido Morini, direction orgue et clavecin

Rossella Croce, Elisa Citterio,  violons

Gianni Maraldi,  viole

Marco Frezzato,  violoncelle

Franco Pavan,  théorbe