Saison 2014-2015 – Concerto Soave

Mercredi 29 Avril à 20H30
Eglise St Jérôme

« le concerto « fut au départ conçu comme un écrin instrumental richement coloré destiné à enchâsser une ou plusieurs voix ».

La musique italienne du Seicento : une passion partagée qui pourrait bien être le déclic fondateur du Concerto Soave, né de l’heureuse rencontre entre Jean-Marc-Aymes, artiste ouvert à de multiples influences, et Maria Cristina Kiehr, radieuse interprète de la musique baroque. Reconnu comme l’un des meilleurs ensembles dans ce domaine, il s’attache avec force, amour et conviction à mettre en valeur tous les aspects de cette musique par une « interprétation où le respect des œuvres n’a d’autre but que d’en décupler le pouvoir émotionnel, la suavité et le mystère ».

Si chacun des membres poursuit parallèlement un chemin personnel, l’ensemble, ancré à Marseille, organise chaque année le festival « Mars en Baroque » dont la programmation originale séduit aussi par sa diversité. Il sait s’entourer des meilleurs instrumentistes et chanteurs et ouvre son répertoire déjà très riche à la musique contemporaine et extra-européenne, intégrant au besoin une dimension chorégraphique et théâtrale.

C’est à travers le monde qu’est porté ce bel héritage dont les interprètes savent traduire avec justesse et raffinement toutes les subtilités.

Au programme

un compositeur et une œuvre à découvrir !

 Giovanni -Battista- Bononcini [Modène,1670 – Vienne,1747]

Issu d’une famille de musiciens, adulé de son vivant mais encore trop méconnu de nos jours, Giovanni Bononcini, violoncelliste, compositeur prolifique et grand voyageur a abordé à peu près tous les genres dans le domaine de la musique dramatique, religieuse et instrumentale. Le nombre impressionnant de ses œuvres révèle une connaissance approfondie des styles et une réelle habilité d’écriture dans cette époque charnière foisonnante d’inventivité. C’est auprès de son père Giovanni Maria, lui-même compositeur, violoniste et musicien d’église à Modène, qu’il se forme avant d’être nommé en 1687 « maestro di cappella » de San Giovanni in Monte à Bologne. Préoccupé dans un premier temps par la musique religieuse, il se familiarise également avec l’opéra lors de séjours à Milan puis à Rome, où, engagé en 1691 par le mécène Filippo Colonna *, il obtient un réel succès.

En 1698 invité par Léopold Ier de Habsbourg, empereur du Saint-Empire romain germanique, il séjourne à la Cour de Vienne et restera au service de Joseph Ier, archiduc d’Autriche, qui succède à son père. Ses déplacements le conduisent jusqu’à Berlin à la cour de Frédéric Ier de Prusse où il côtoie la reine Sophie-Charlotte avant de retourner dans son pays natal.

Lors de son installation à Londres en 1720 où sa renommée l’avait précédé, Bononcini, protégé de la famille Marlborough**, retrouve Haendel, soutenu par la Cour, dont les œuvres sont très apprécies par un public friand d’opéra italien. Les deux compositeurs vont se trouver tour à tour en position de collaboration mais aussi de rivalité. Après quelques déboires personnels, un séjour signalé à Paris en 1733 où il est programmé au Concert Spirituel*** et un voyage à Lisbonne, il regagne définitivement Vienne en 1736 où, obtenant le soutien de l’impératrice Marie-Thérèse, il compose ses dernières œuvres.

* Duc, Prince et mécène, Filippo appartient à l’une des grandes et puissantes familles italiennes et possède une galerie d’art dans son palais.

** De retour à Londres après une éclipse en France, il est nommé « directeur des concerts privés de la duchesse de Marlborough », poste qu’il occupe jusqu’en 1731.

*** Sorte d’institution à vocation musicale, le « Concert Spirituel » créé à Paris en 1725 par Anne Danican Philidor organise de nombreux concerts jusqu’à la Révolution. Soumis à certaines règles pour ne pas concurrencer « l’Académie royale de musique » il propose un répertoire principalement axé sur la musique instrumentale et la musique sacrée en latin. Plusieurs compositeurs français mais aussi étrangers y furent programmés.

L’oratorio *

 «  La pratique démontre que l’alternance des exercices spirituels sérieux,

accomplis par des personnes sérieuses, et des plaisirs de la musique spirituelle […] permet d’attirer une assistance plus vaste et plus variée  ». Philippe  Neri

 Dans la mouvance de la Contre-Réforme initiée par l’Église catholique romaine au cours du XVIe siècle, certains ordres religieux choisissent d’introduire des cantiques, chantés en latin ou en italien, « laudi spirituali », lors des sermons auxquels participe un public de fidèles. A cette époque, Philippe Neri fonde à Rome « La  Confédération de l’Oratoire ». Par la suite, sous l’impulsion des « oratoriens » ces intermèdes musicaux vont prendre une importance de plus en plus grande jusqu’à devenir de véritables pièces de concert fort appréciées des cardinaux. L’influence italienne se répand partout en Europe et l’oratorio, évoluant parallèlement à l’opéra,  devient un genre majeur pour atteindre avec Haendel notamment un degré de magnificence exceptionnelle.

Par sa forme et sa structure où s’enchaînent récitatifs, arias, chœurs et sinfonie, l’oratorio se rapproche de l’opéra mais s’en différencie par l’absence de mise en scène, de costumes et de décors. Les sujets relatent le plus souvent un évènement religieux tiré de la Bible ou de la vie d’un Saint, mais peuvent être également profanes,  d’inspiration mythologique, allégoriques ou historiques. La présence d’un récitant-narrateur – « historicus » – et d’un chœur – « turba » – incarnant la foule chargée de commenter ou d’illustrer certains aspects du récit en sont également des signes distinctifs, comme dans les « Passions ».

* Au XVIIe, le terme « Oratorio » évoque « l’Oratoire », lieu où se pratiquait ce type de chant et désigne aussi un genre musical dans lequel se sont particulièrement distingués Giacomo Carissimi, ses contemporains, et Marc-Antoine Charpentier auteur de plusieurs « Histoires sacrées ».

 

La Conversione di Maria Maddalena

Oratorio à quatre avec instruments, créé à Vienne en 1701

« Cette œuvre met en scène Marie-Madeleine, sa sœur Marthe et l’Amour Divin, qui tous deux exhortent la belle courtisane à se convertir, tandis que l’Amour Profane lui vante les attraits de sa vie légère. La musique de Bononcini est d’une incroyable fraîcheur et d’une inventivité sans cesse renouvelée ».

Marthe, la sœur de Marie Madeleine, va-t-elle convaincre cette dernière de suivre la voie tracée par l’Amour Divin plutôt que de succomber aux séductions factices de l’Amour profane ?

Voilà le thème de cet oratorio de Giovanni Bononcini crée pour le Carême à Vienne, en 1701. Bononcini est alors un des plus célèbres musiciens de son temps […].

En 1701, Bononcini est donc en pleine gloire, et va mettre tout son immense talent dans son nouvel oratorio. Il construit cette histoire sacrée avec toute la science dramaturgique qu’il a acquise à l’opéra, alternant les airs brillants ou profonds et les ensembles impressionnants. Son invention mélodique se met au service de chaque personnage, et il entoure les voix d’un riche tissu instrumental qui nous rappelle que lui-même fut le violoncelliste le plus reconnu de son temps.

Des imprécations de l’Amour Divin aux pressantes sollicitations de l’Amour Profane, des conseils éclairés de Marthe aux errements de Madeleine, qui passe insensiblement de l’inconsciente insouciance aux doutes puis à l’apaisement de la foi, chaque air de l’œuvre est ciselé avec grâce. Mais ce sont peut-être les ensembles qui font la singularité de l’œuvre, jusqu’à l’étonnant duo final entre Marthe et Madeleine. Bononcini disait lui-même de ses œuvres : « mes œuvres sont ainsi faites qu’elles puissent satisfaire non seulement les auditeurs mais aussi  celui qui possède une entière intelligence de l’Art ».

Concerto Soave

Interprètes

Ensemble Concerto Soave

 &

Maria Cristina Kiehr

soprano – Marie-Madeleine

Jean-Marc Aymes

orgue & direction

 

Alice Habellion

Marthe

Violaine Le Chenadec

Amour divin

Etienne Bazola

Amour profane

Fabrizio Cipriani

premier violon

Béatrice Linon, Yoko Kawakubo, Lucas Alfonso Rizzello, Isabelle Lucas

 violons

 Reynier Guerrero, Emanuele Marcante

altos

Gaetano Nasillo, Sara Bennici 

violoncelles

Flore Seube : viole de gambe

Mathieu Valfré : clavecin