Saison 2019-2020 – Il Giardino Armonico

Mardi 10 décembre 2019 à 20h30
Église Saint-Jérôme

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Œuvres de Merula, Legrenzi, Corelli, Vivadi

 

Présentation La Società DANTE ALIGHIERI de Toulouse Cliquer ici

 

Avec sa verve incomparable, l’incontournable ensemble italien met à l’honneur l’école vénitienne et propose une lecture raffinée des Concertos de Vivaldi.

 

Pour télécharger le programme :
Cliquer ici : Programme AR – Concert 10 décembre 2019

 

Membre fondateur de l’ensemble, le flûtiste virtuose et chef d’orchestre Giovanni Antonini appartient à cette famille de pionniers qui s’est lancée dans la belle aventure du mouvement de renaissance de l’interprétation sur instruments anciens. Au fil des ans, regroupés autour de lui, de nombreux musiciens et solistes reconnus ont apporté leurs concours pour redonner aux grandes œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles, un lustre jamais démenti depuis plus de trois décennies. L’ardeur et l’envie de dépasser le rituel sont demeurées intactes pour continuer à faire vivre l’esprit d’ouverture de cette formation aux dimensions variables dont les qualités d’interprétation, toujours novatrices et ingénieuses, sont unanimement saluées. Réentendre ce bel ensemble dans l’un de ses programmes de prédilection demeure lui aussi entier et vivace.

Interprètes

Il Giardino Armonico

Giovanni Antonini, flûtes à bec et direction

Stefano Barneschi, Marco Bianchi, violons

Liana Mosca, alto

Paolo Beschi, violoncelle

Giancarlo De Frenza, violone

Riccardo Doni, clavecin

Michele Pasotti, théorbe

 

Au programme

Arcangelo Corelli (1653-1713)

Concerto grosso Op.VI n°8, Fatto per la notte di Natale

 

Antonio Vivaldi (1678-1741)

- Concerto en fa majeur pour flûte à bec, cordes et basse continue, RV 433

« La tempesta di mare »

- Concerto en do mineur pour flûte, cordes et basse continue, RV 441

- Sonata en mi bémol majeur, RV 130 « Al Santo Sepolcro »

- « Cum dederit » extrait du Nisi Dominus, pour chalumeau et cordes, RV 608

- Sinfonia en si mineur, RV 169 « Al Santo Sepolcro »

- Concerto en do majeur pour flautino, cordes et basse continue, RV 444

 

Tarquinio Merula (1595-1665)

Canzoni a quattro voci per sonare con ogni sorti de strumenti musicali, Venezia 1615

- « La lusignola » pour cordes et basse continue, op. 1 n°2

- « La Piva » pour cordes et basse continue, op. 1 n°11

Canzoni overo Sonate concertate per chiesa e camera, Venezia 1637

- « Ciaccona per due violoni et continuo » op. 12 n°20

 

Giovanni Legrenzi (1626-1690)

La Cetra. Libro Quarto di Sonate a due tre e quattro stromenti,  Venezia 1673

Sonata terzo per due violini, viola e viola da brazzo, op. X n°15

 

Essentiellement tourné vers l’exploration des œuvres des XVIIe et XVIIIe siècles le répertoire de l’ensemble illustre de manière significative l’évolution de la musique instrumentale. C’est durant cette longue période communément appelée « baroque » que vont se fixer peu à peu les fondements de toute une littérature musicale qui favorise entre autres l’émergence d’un art instrumental autonome. Ce courant artistique, caractérisé par de profonds changements d’ordre stylistique et esthétique, amorce le passage du stile antico au stile moderno qui s’opère progressivement et sans rupture excessive. Poussés par l’évolution inéluctable des idées, certains compositeurs s’enhardissent dans l’élaboration de nouvelles formes profanes et sacrées, vocales ou instrumentales qui apparaissent comme les marqueurs d’une ère musicale en devenir.

Dès lors, l’Italie, dont l’Europe en grande partie adopte la terminologie et les nouvelles orientations, joue un rôle de tout premier plan. Multipliant les festivités sous diverses formes (concerts, opéra, cérémonies…), les cours princières et villes du Nord dont Bologne et Venise sont avant Rome ou Naples des hauts lieux de création.

Dans la continuité de la réforme mélodramatique dont Monteverdi est l’un des principaux protagonistes, toute une pléiade de compositeurs œuvre à la poursuite de cette émancipation qui va bouleverser la conception de la musique elle-même. Plusieurs faits accompagnent cette mutation caractéristique du baroque naissant.

L’apparition de la monodie accompagnée soutenue harmoniquement par le continuo donne la primauté à la voix supérieure. Aux instruments réalisant la basse continue (orgue, clavecin) vont s’associer les cordes (viole, luth, théorbe) ou encore les vents (basson…). Les instruments du dessus, flûtes, cornets et violons principalement, capables de certaines prouesses techniques et d’une virtuosité toute relative, peuvent alors rivaliser avec la voix.

Les progrès réalisés par la lutherie et le développement de la facture instrumentale confèrent aux instruments une identité qui leur est propre. La distinction de plus en plus affirmée entre instruments harmoniques et mélodiques leur assure une place bien définie dans le rôle qui est le leur. Se déploie dès lors un vaste répertoire innovant et foisonnant qui participe de cet esprit de renouveau.

L’évolution du langage passe également par l’appropriation de certaines subtilités d’écriture dont l’un des buts est d’explorer de nouveaux effets à dessein de renforcer le caractère expressif. Dualisme majeur-mineur, chromatisme et dissonances, souplesse rythmique avec effets de « tension-détente », alternance des tempi offrent aussi la possibilité de jouer sur les nuances, les contrastes, les timbres et l’ornementation.

En s’engageant dans cette voie, Merula et Legrenzi contribuent fortement à l’évolution des styles qui se concrétise par l’apparition de nouvelles formes plus structurées que sont principalement la sonata et par la suite le concerto. À travers les canzoni, sinfonie, fantasias, capricci… et diverses danses encore en usage, ils proposent des « pièces à 1, 2, 3, accommodées pour pouvoir se jouer sur les violons, cornets et instruments de toute sorte ». S’instaure progressivement la distinction entre la sonata da camera où se manifeste encore l’influence des danses de plus en plus stylisées et la sonata da chiesa qui comprend plusieurs mouvements distinctifs de par leur caractère, leur tempi et une écriture plus travaillée. La sonata a tre avec deux dessus et basse continue est aussi l’une des formes les plus privilégiées.

 

Tarquinio Merula

 Canzoni a quattro voci per sonare con ogni sorti de strumenti musicali (*)

 - La Lusignola Op. 1 n°2

 - La Piva Op. 1 n°11

A l’origine destinée aux voix, la canzone ou canzona, genre poétique de forme strophique, devient Canzon da cantar puis Canzon da sonar. Très prisée des instrumentistes pendant de nombreuses années sa forme demeure relativement libre. Selon l’usage de l’époque, l’instrumentation n’étant pas toujours précisée, les canzoni peuvent être « jouées avec tous les types d’instruments de musique ». Par la suite la canzona est délaissée au profit de la sonata.

- Ciaccona per due violoni e continuo

 Canzoni overo sonate concertate per chiesa e camera, Op.12 n°20

À l’instar de la chaconne, ancienne danse d’origine hispano-américaine, la ciaccona présente une succession de variations qui à partir d’un thème se déroulent sur une basse obstinée.

 Hormis un séjour à Varsovie en tant qu’organiste à la cour du roi de Pologne, le parcours de Merula, organiste et compositeur, évolue entre Crémone et Bergame. Parcours entrecoupé de séjours à Venise où sont publiées plusieurs de ses œuvres. Sa contribution au développement de la musique instrumentale souligne un total engagement en adéquation avec les nouvelles orientations et sollicitations musicales. Merula s’inscrit avec singularité dans ce courant novateur. Aux titres évocateurs et aux allures de danse, ses canzoni déploient une écriture en imitation subtile et recherchée qui favorise les dialogues à partir d’un dispositif équilibré.

 

Giovanni Legrenzi

 La Cetra. Libro Quarto de Sonate a due, tre e quattro stromenti

 Sonata terzo a quattro per due violini, viola e viola da brazo, op. X n°15

[], Allegro, Adagio, Adagio, Presto e Allegro, Presto, Adagio

 A l’origine, proche de la canzon par l’usage de la transcription, la sonata  est destinée aux instruments -per sonare- et se différencie de la cantata -per cantare-. Sa structure évolue parallèlement au développement de la littérature instrumentale.

 La Cetra -Lyre-, quatrième livre de sonates édité en 1673 est dédié à l’empereur d’Autriche Léopold Ier. L’op. X comprend plusieurs sonate pour 2, 3 et 4 instruments, regroupées par six. Présentant plusieurs aspects très innovants La Cetra constitue l’une des œuvres majeures du compositeur.

 Organiste et compositeur reconnu de son vivant pour la qualité de l’ensemble de son œuvre, Legrenzi exerce dans plusieurs villes du nord de l’Italie dont Bergame et Ferrare avant d’être nommé plus tardivement aux postes honorifiques de vice-maestro di cappella de San Marco et de maestro di coro à l’Ospedale dei Mendicanti à Venise. Manifeste est également son rôle dans l’évolution de la sonata où se révèlent des qualités d’écriture indéniables dans le traitement du contrepoint, de la mélodie et de la fluctuation entre majeur et mineur, celle-ci constituant une ouverture progressive vers la tonalité. Son influence a marqué durablement les générations suivantes. Tout comme Corelli ou Vivaldi, Legrenzi figure parmi les compositeurs italiens auxquels Bach emprunta certains thèmes.

 

Figures incontournables de la dernière période du baroque italien, Corelli et Vivaldi participent à leur tour de ce mouvement d’émancipation qui permit la stabilisation de la plupart des formes instrumentales, dont le concerto grosso et le concerto pour soliste qui coexistent pendant plusieurs années. (**)

Arcangelo Corelli

Concerto grosso Op.VI n°8, Fatto per la notte di Natale

Vivace-Grave, Allegro, Adagio-Allegro-Adagio, Vivace-Allegro-Largo-Pastorale

Le concerto grosso, dont Corelli est l’un des principaux artisans, met en présence un ensemble instrumental constituant le tutti ou ripieno et un groupe plus restreint composé de solistes dénommé concertino. Variable par le nombre, les mouvements proposent une alternance de tempi lents et rapides. Les cordes, avec le soutien de la basse continue, forment l’assise de l’ensemble et se répartissent entre « concertino » et « ripieno ». Par la suite les vents viendront enrichir le dispositif.

Publié à Amsterdam en 1714, après la mort du compositeur, l’opus VI comprend douze concerti grossi dont le Concerto grosso Fatto per la notte di Natale en sol mineur est l’un des plus célèbres. C‘est par la recherche d’une plénitude sonore, la fluidité de l’expressivité mélodique et un langage harmonique nettement orienté vers la tonalité que se traduit l’originalité stylistique du compositeur. La Pastorale en sol majeur qui succède au Largo suggère la sonorité d’une cornemuse, -Zampagna-, instrument souvent utilisé lors des fêtes de la Nativité.

Originaire de Fusignano près de Ravenne et formé à Bologne, c’est à Rome où il s’installe en 1671 que se déroule la plus grande partie de sa vie. Plusieurs circonstances favorables s’offrent alors à lui. Entré successivement au service de la reine Christine de Suède puis à celui des cardinaux mécènes Pamphili et Ottoboni, il participe activement aux activités artistiques, au théâtre comme à l’église. Compositeur reconnu, violoniste réputé et pédagogue estimé, il se produit également comme chef d’orchestre et jouit d’un grand prestige.

 

Antonio Vivaldi

- Concerto en fa majeur pour flûte, cordes et basse continue, RV 433

« La tempesta di mare »

Allegro, Largo, Presto

- Concerto en do mineur pour flûte, cordes et basse continue, RV 441

Allegro non molto, Largo, [Allegro]

 - Sonata a 4 « Al Santo Sepolcro » en mi bémol majeur, RV 130 (***)

Largo molto, Allegro ma poco

- « Cum dederit » pour chalumeau et cordes, extrait du Nisi Dominus, RV 608

Largo

Sinfonia « Al Santo Sepolcro » en si mineur, RV 169

Adagio molto, Allegro ma poco

 - Concerto en do majeur pour flautino, cordes et basse continue, RV 444

Allegro non molto, Largo, Allegro molto

 Violoniste virtuose et compositeur fécond dont les œuvres ont circulé dans toute l’Europe, Vivaldi réside à Venise qu’il délaisse lors de ses nombreux voyages en Italie et à l’étranger. Son nom reste attaché à lOspedale della Pietà, hospice pour jeunes filles souvent talentueuses, où il compose, enseigne et dirige. En tant que maestro dei concerti il organise de nombreuses manifestations réputées pour leur excellence.

De forme tripartite aux contours bien délimités, -deux mouvements rapides encadrant un mouvement lent-, le concerto pour soliste donne la primeur à un seul instrument capable de se confronter à tout un orchestre. Soliste(s) à qui il confère une présence plus importante par la place qu’il lui accorde au sein d’un dispositif destiné à le mettre en valeur. S’il use de formules souvent répétitives et d’-abbellimenti- ou fioritures diverses, l’exceptionnelle inventivité mélodique et la clarté du langage tonal offrent au discours de multiples possibilités d’expression. Discours où s’invitent aussi bien fantaisie et lyrisme qu’audace et dynamisme. La virtuosité et l’appétence pour l’aspect descriptif deviennent également des éléments constitutifs du langage, sources d’inspiration créatrices d’atmosphères changeantes en fonction des « affections ». Au regard des nouvelles capacités techniques s’ajoute encore la volonté de diversifier par le timbre le choix des instruments solistes. Aux côtés du violon et de la flûte  largement sollicités, basson, hautbois, mandoline ou viole d’amour, luth ou violoncelle viennent ainsi enrichir la palette sonore et mettre en évidence les qualités propres à chaque instrument. Vivaldi a marqué de son empreinte toute personnelle le concerto pour soliste et son apport a largement contribué à l’émancipation du style concertant en Italie et bien au-delà de ses frontières.

 

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(*) La Lusignola évoque le chant du rossignol – La piva, sorte de cornemuse utilisée en Italie du nord et dans les vallées alpines accompagnait autrefois une danse populaire.

 

(**) L’étymologie du terme concerto recouvre à la fois l’idée d’une opposition, concertare, et celle d’une possibilité d’union, conserere. Musicalement cela se traduit par la présence d’un ou plusieurs solistes face à un ensemble instrumental plus fourni apte(s) à se confronter ou à dialoguer au cours d’une même œuvre.

 

(***) La Sonata op. 130 et la Sinfonia op.169 « Al Santo Sepolcro », pièces de concert d’inspiration sacrée, étaient sans doute jouées durant la veillée pascale. /Dans le Nisi Dominus  RV 608, le chalumeau, petit instrument en bois à anche simple remplace ici la voix. /Utilisé dans le concerto RV 444 le flautino est une flûte à bec sopranino.