Saison 2014-2015 – Richard Galliano – Sextet (accordéon et cordes)

Mercredi 25 février à 20H30
Auditorium St Pierre des Cuisines
« Les Saisons »

.

« Ce qui importe en musique,

ce n’est pas ce qu’on joue, c’est comment on le joue. »

Les « Quatre Saisons de Vivaldi » figurent parmi les œuvres les plus jouées, les plus enregistrées et diffusées de tout le répertoire musical* et quelles que soient les motivations, en proposer une nouvelle version peut sembler relever de la gageure.

 

« Pourquoi pas ? », c’est à cette question qu’après réflexion, Richard Galliano répond favorablement à la sollicitation de Deutsche Grammophon d’adapter les Quatre Saisons de Vivaldi pour accordéon et quintette à cordes.

 

Rappelons juste que cette œuvre, considérée comme un chef-d’œuvre de la littérature pour violon, marque aussi une avancée remarquable dans le domaine de la « musique descriptive » ou « musique à programme »**. Chaque saison – Printemps, Eté, Automne, Hiver -, adopte la forme du concerto en 3 mouvements et c’est au violon, instrument aux qualités expressives et virtuoses exceptionnelles, qu’est confié le rôle de soliste.

 

Adepte du style « fantasioso », Vivaldi en explore ici toutes les facettes pour évoquer  les transformations progressives de la nature au fil de chaque saison. Quatre sonnets attribués au compositeur, où sont précisés certains détails, en explicitent ses intentions. Pour cela, toutes les ressources techniques et musicales  des instruments sont exploitées pour obtenir les effets recherchés comme, un chant d’oiseau saluant l’éveil de la nature, la violence d’un orage après une chaleur accablante, le bonheur paisible qui suit la récolte, la rudesse du froid ou la course du vent qui glace.

 

* Composée vraisemblablement à Mantoue entre 1718 et 1720 alors que Vivaldi y exerce les fonctions de « Maître de chapelle ». L’œuvre imprimée à Amsterdam en1725 est dédiée au Comte Václav Morzin de Prague et fait partie du recueil « Il Cimento d’elle armonia e dell’invenzione » [«  La confrontation entre l'harmonie et l'invention ».]

 

** « La Notte » ou « la Tempesta di Mare », autres œuvres de Vivaldi s’inscrivent dans la tradition d’un courant de musique « imitative » très prisé au XVIIIe siècle.]

 

« Cette dimension poétique je l’ai au fond de moi,

et ça ressort toujours, quoi que je joue ».

Reconnu depuis plusieurs années comme un compositeur et arrangeur de grand talent, Richard Galliano s’est également fait connaître comme l’accompagnateur de Barbara, Nougaro, Reggiani… Sa rencontre avec Astor Piazzolla l’incite à trouver sa propre voie, [« J'ai fait le new tango, tu peux faire le "new musette »], et marque un tournant important dans l’évolution de son art.

 

En 2013, après un premier disque consacré à Bach, Richard Galliano renouvelle son approche toute personnelle de la musique baroque avec les « Quatre Saisons de Vivaldi » et, pour éviter que son accordéon, « instrument sans frontières », ne soit « noyé », il fait le choix d’être accompagné par un quintette à cordes qui, dit-il, « constitue un écrin très important ».

 

Richard Galliano nous confie « aimer Vivaldi depuis toujours » et vouloir demeurer proche des préoccupations esthétiques du compositeur vénitien tout en apportant un « sang nouveau ».

 

[…] « je me suis référé à la danse et au scénario écrit par Vivaldi pour son programme. Et, avec mon expérience, je me suis également inspiré des saisons de la vie qui s’expriment à travers cette musique ».

« Dans les arrangements, il faut écrire,

mais aussi gommer pour faire sortir l’essentiel ».

Lors d’une interview ♦, il nous livre la manière dont il a abordé cette œuvre et, pour  mieux éclairer son propos, nous dévoile son rapport à l’esthétique et à la poésie, et quelques points précis touchant à l’interprétation elle-même.

 

« D’un point de vue technique et musical, jouer les Quatre Saisons de Vivaldi m’a beaucoup apporté. […] J’ai donc pris le parti de conserver la tessiture du violon sans l’imiter, même s’il arrive que les sonorités forment deux voix à l’unisson. Le son de l’accordéon est produit par deux lamelles qui vibrent et non une corde, comme pour le violon, mais il n’y pas tant de différences que cela  ».

 

[…] « J’ai par exemple supprimé les parties de clavecin aux harmonies particulièrement évidentes, mais il m’arrive de les reprendre à la main gauche sur l’accordéon. L’écriture entre la partie soliste et la basse continue est tellement aboutie que je n’ai pas cru bon de rajouter des accords pour combler des vides ».

 

Fort de son expérience dans le domaine de l’arrangement, Galliano va suggérer évocations de la nature, ressenti d’une atmosphère ou d’un comportement de la manière la plus simple possible…

 

« Le côté épuré est plutôt exprimé dans les mouvements lents, comme le Largo e pianissimo du Concerto n°. 1 – Le Printemps. Là où les violonistes apportent pas mal de vibrato, où les musiciens baroques ajoutent des ornementations, j’ai pris le pari de la sobriété et des notes pures en utilisant le même son que lorsque j’accompagnais Barbara, par exemple : des sons très effilés et assez suspendus, là ou l’accordéon et le bandonéon sont susceptibles de déclencher des émotions profondes. »

 

et techniquement, utiliser toutes les capacités que lui offre son instrument pour reproduire certains effets comme dans l’Hiver,

 

 […] cette percussion fait partie de l’instrument, comme le glissé sur les cordes de guitares ou le crin de l’archet d’un instrument à cordes qui génère son propre bruit […] Le léger bruit des touches de mon accordéon peut faire par ailleurs penser à des pas sur la neige et de la glace qui se brise et cela apporte une touche que je trouve assez poétique… ». […] Il est possible de moduler ce son grâce au soufflet, comme le ferait un archet sur un violon et, avec des nuances et des decrescendi, on se rapproche du bruit du vent. […] j’ai tenté de doubler les cordes mais l’unisson obtenu ne me convainquait pas. J’ai alors essayé d’utiliser le souffle en suivant la partition et je suis assez satisfait de cette espèce de frisson qui débute le mouvement ».

 

- Les extraits cités sont de Richard Galliano -

Propos recueillis par Philippe Banel – 28 mars 2013 – Tutti Magazine

 

La seconde partie du programme, qui fait largement référence à la danse, éclaire les parcours et les choix très éclectiques du musicien. Son goût des contrastes, sa faculté de passer de la chanson populaire au jazz, de la musique classique au tango ou à la musette rendent compte de la richesse de son univers musical si particulier et de l’étonnante mixité de sa palette sonore.

 

► « Otoño Porteño » et « Primavera Porteña », deux pièces extraites des « Quatre Saisons de Buenos Aires » ainsi que « Oblivion » rendent hommage à Astor Piazzolla et son grand art du tango qu’il révolutionna en grande partie.

 

► Avec quatre de ses pièces, – « La valse à Margaux » – « Habanerando » – « Tango pour Claude » – « New York Tango », Richard Galliano nous introduit dans l’un de ses domaines de prédilection.

 

► La « Pavane pour une infante défunte » de Maurice Ravel et « Menuet & Badinerie » de Johann Sebastian Bach soulignent son affinité réelle pour la musique classique.

 

 

Au programme (sans entracte)

 

Vivaldi

(1678 – 1741)

l’Hiver

l’Eté

 Richard Galliano

(1950)

 La valse à Margaux

Petite suite Française

Johann Sebastian Bach

(1685-1750)

Double concerto pour Hautbois et violon BWV 1060

AstorPiazzolla

(1921 -1992)

 Otoño Porteño

Primavera Porteña

 Richard Galliano

(1950)

Habanerando

Tango pour Claude

 

 

Interprètes

Richard Galliano Sextet

Richard Galliano

accordéon

 

Bertrand Cervera

premier violon

 

Saskia Lethiec

second violon

 

Jean-Paul Minali Bella

alto

 

Eric Levionnois

violoncelle

 

Sylvain Le Provost

contrebasse